Autrefois capitale mérovingienne de l'Occident, aujourd'hui ville la plus française de Belgique, vivant à l'ombre de Lille, Tournai a connu son apogée entre le XIIe et le XVe siècles. Depuis lors, Tournai semble s'être laissée vivre. L'accueil, qui peut sembler froid ou distant, est le reflet d'un tempérament pudique et réservé. Ville resplendissante malgré les événements tragiques qu'elle a connus, Tournai s'est relevée chaque fois belle et riche d'histoire. La dernière guerre l'a particulièrement dévastée. Les bombardements allemands ont détruit cinq mille immeubles, dont cinq cents répertoriés historiques dans le centre. C'est dire combien la ville fut défigurée, spoliée de merveilleux édifices et d'églises anciennes, témoins de son passe illustre. Vaillamment, Tournai s'est à nouveau redressée.

On pourrait avoir l'impression que la reconstruction du centre n'a pas toujours été très harmonieuse. En fait, Tournai n'a pas enjolivé les détails gothiques, renaissants ou baroques de ses constructions (comme l'ont fait Louvain ou Nieuport). Elle s'est voulue moderne, dans le style authentique du passé (Louis XIV, Renaissance flamande). Elle n'a pas recherché une uniformisation de son architecture ni souhaité apurer un style. Elle désirait seulement rester elle-même. Nous n'essayons pas de vous faire croire que Tournai est une métropole vibrante, c'est au contraire une ville calme dont le cadre est trop grand pour sa population. Sur le chemin vers Bruxelles, elle mérite qu'on y passe quelques moments.

 

La cathedrale Notre-Dame. Impossible de faire deux pas dans la ville sans rencontrer un édifice religieux remarquable. Tournai ne compte pas moins de duze églises de grande valeur mais tous les chemins mènent à la cathédrale. Durant les travaux de restauration de l'édifice, en cours pour une vingtaine d'années, seul l'accès au Trésor et à la partie romane de la Cathédrale reste normalement possible. Considérée comme l'un des plus beaux monuments religieux d'Europe Occidentale, la Cathédrale Notre-Dame impose fièrement ses cinq clochers, par ailleurs symboles de la cité, dans le paysage de Tournai. Edifiée à partir du XIIe siècle, elle remplace une série d'autres constructions religieuses dont il ne reste que peu de traces. Une de ses particularités réside dans le fait que la nef et le transept sont de style roman, tandis que le chœur, construit au XIIIe siècle, est du plus pur style gothique. Elle comporte en outre de nombreuses statues, sculptures et décorations des XIIe, XIIIe et XIVe siècles, dont une statue de la Vierge, patronne de la Cathédrale. De nombreux vitraux datent, quant à eux, du XVIe siècle. Séparant le chœur du transept, le jubé en marbre fut érigé à la Renaissance et évoque une série de scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament. Enfin, le Trésor de la Cathédrale est probablement un des plus riches qui soit en Belgique. On peut ainsi y découvrir des pièces d'orfèvrerie mosane du XIIIe siècle, une croix reliquaire venue d'Orient, de nombreux ivoires et manuscrits ou encore une tapisserie d'Arras du XIVe siècle et destinée autrefois à orner le chœur. Un reliquaire contient depuis 1247 les derniers fragments restants de Saint-Eleuthère, l'un des saints protecteurs de l'église. La Cathédrale Notre-Dame figure sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité depuis le 30 novembre 2000, une reconnaissance plutôt bienvenue pour cette vieille dame, souffrant de graves problèmes de stabilité et de sérieux risques d'effondrement.

Beffroi. C'est le plus ancien de Belgique, il date des XIIe et XIIIe siècles. Symbole des libertés de la ville, sa silhouette solide à tours d'angle marque le paysage urbain tout comme les tours de la cathédrale. Il est haut de 73 mètres. Du haut des 257 marches qui conduisent au sommet, les visiteurs peuvent bénéficier d'un panorama sur la ville. Le beffroi est inscrit au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'Unesco.

Halle aux draps. Initialement bâtie en bois, elle a été reconstruite en 1610 en style Renaissance, mélange subtil de galeries à l'italienne, de décors baroques et de cinq arcades à peine gothiques. Les volutes latérales se laissent oublier, et pourtant... Tout comme les édifices baroques du XVIIe, elles sont étagées en trois parties, à l'instar de la conciergerie à gauche de la Halle.

Hotel de ville. L'hôtel de ville s'est installé dans une abbaye du XVIIIe siècle, après avoir occupé l'ancienne Halle aux draps et une bâtisse collée au beffroi. Cet ensemble impressionnant et rigoureux a été victime de la Seconde Guerre mondiale. Siège des principaux musées de la ville, il retiendra l'attention essentiellement en cette qualité.

  

(Le petit futé de Belgique. 2004 / 2005)