ANVERS, HISTOIRE

 

Un nom, une légende

 

Jusqu'au XVIIe siècle, Antwerpen est souvent écrit 'Hantwerpen'. Pas étonnant quand on songe qu'une légende ancienne est liée à ce nom. Selon cette légende, le coude de l'Escaut était au début de notre ère sous le joug d'un géant, Druoon Antigoon, qui collectait un droit de passage très lourd sur les bateaux qui passaient et coupait la main de ceux qui refusaient de payer. Cet horrible usage prit toutefois fin lorsqu'un soldat romain, Silvius Brabo, dans un acte de témérité, tua le géant, lui coupa la main et la jeta dans l'Escaut. D'où le nom (Hand = main, werpen = jeter). Voilà pour la légende. Plus probablement, Anvers doit son nom à une avancée (un 'aanwerp' en vieux Néerlandais), un terrain surélevé et ensablé sur l'Escaut, à hauteur du Steen, où s'établirent les premiers hommes et qui disparut à la fin du XIXe siècle lorsque les quais de l'Escaut furent alignés.

Même si l'histoire de Brabo est entièrement inventée, les sinjoren ont voulu rendre hommage à leur légendaire 'sauveur' en installant une sculpture en son honneur sur la Grand-Place. La fontaine en bronze (1887) est du sculpteur anversois Jef Lambeaux.

 

Une histoire mouvementée

 

Quel âge a Anvers? Des fouilles archéologiques ont permis de déterminer que le coude de l'Escaut était peuplé à l'époque gallo-romaine déjà (IIe ou IIIe siècle de notre ère). C'est aussi le cas vers 650, avec les débuts de la christianisation et en 836, la destruction de la zone habitée par les Normands. Des hommes s'établirent ensuite sur le aanwerp, le terrain surélevé qui donna son nom à Anvers, sur le site du château fort Steen. La ville actuelle se développa autour de ce noyau.

Lorsque Anvers devint un poste frontière de l'Empire Germanique vers 970, on y construisit des fortifications en bois, qui furent ensuite remplacées par un château fort en pierre (le Steen) avec des remparts. Anvers devint alors margraviat (comté de frontière) du Saint Empire Romain de la Nation Germanique. L'Escaut constituait la frontière et sur l'autre berge commençait le comté de Flandre. Au sud d'Anvers, le saint Norbert établit au XIIe siècle l'abbaye Saint-Michel. Les chanoines de la petite église qui s'y trouvait se déplacèrent vers le nord de la ville et fondèrent une nouvelle paroisse, avec au centre une église Notre-Dame, ancêtre de la cathédrale Notre-Dame. La ville, qui faisait maintenant partie du duché du Brabant, continua à se développer en vagues concentriques avec une succession de remparts qui sont encore visibles dans la topographie de la ville.

Une première période d'essor économique suivit pendant la première moitié du XIVe siècle. Anvers était alors le plus grand centre commercial et le cœur financier de l'Europe occidentale. Elle était surtout connue pour son port et son marché de la laine. En 1356, la ville fut rattachée au comté de Flandre et perdit quantité de ses privilèges au bénéfice de Bruges. Mais le vent économique et politique tourna cinquante ans plus tard, et commença alors le Siècle d'Or, période où Anvers devint une ville mondiale sous tous les rapports, une sorte de Manhattan du XVIe siècle.

C'est ce centre culturel et commercial que le Florentin Lodovico Guicciardini décrit comme 'la plus belle ville du monde'. Quelques grands noms de l'époque : Quinten Metsys et Breughel, l'imprimeur Plantin, les humanistes et hommes de science Lipse, Mercator, Dodoens et Ortelius. Mais pendant la deuxième moitié de ce siècle, la ville fut le théâtre d'une lutte politico-religieuse entre le Nord protestant et la très catholique Espagne, lutte dont les temps forts sont l'Iconoclastie (1566), la Furie Espagnole (1576) et finalement la Chute d'Anvers (1585).

Après la Chute, la ville retomba sous l'autorité de Philippe II et les Pays-Bas septentrionaux fermèrent l'accès l'Entrée à l'Escaut. Ce fut naturellement une catastrophe économique pour la ville, désertée non seulement par les protestants, mais par son élite commerciale et intellectuelle. Des 100.000 habitants qu'elle comptait en 1570, il ne restait plus que quelque 40.000 en 1590. Son âge d'or dura pourtant jusqu'à la moitié du XVIIe siècle, avec des peintres comme Rubens, Van Dyck, Jordaens et Teniers, les familles de sculpteurs Quellin et Verbrugghen, les imprimeurs Moretus et les célèbres facteurs de clavecins anversois.

De 1650 au XIXe siècle, il n'y a rien de bien passionnant à signaler à propos d'Anvers. L'Escaut resta fermé et la métropole devint une ville de province. Sous l'autorité autrichienne (1715 - 1792), Jozef II tenta sans succès de libérer le fleuve manu militari. L'Escaut ne fut réouvert qu'en 1795, sous l'occupation française, mais cette fois c'est à un embargo anglais que se heurtaient les navires. Rien d'étonnant quand on sait que Napoléon considérait le port d'Anvers comme un 'pistolet dirigé sur le cœur de l'Angleterre'. Anvers doit à la période française (1792 - 1815) l'ébauche d'un port moderne, mais en même temps, son patrimoine culturel dut à subir le pillage et la destruction. Il fut même question un temps de démolir la cathédrale.

Après la défaite de Napoléon à Waterloo (1815) suivit une brève réunification avec les Pays-Bas septentrionaux et une période d'essor tout aussi brève, qui s'acheva avec la Révolution Belge (1830) et une nouvelle fermeture de l'Escaut. La navigation fut définitivement libre en 1863 seulement. C'est alors que commença la troisième époque d'épanouissement pour Anvers.

En excluant les périodes noires des deux guerres mondiales, le XXe fut pour Anvers un siècle de croissance continue. Au niveau culturel, la ville eut même un extraordinaire rayonnement international en 1993, lorsqu'elle fut choisie comme Capitale Culturelle de l'Europe. Cette manifestation lui valut une reconnaissance mondiale de sa richesse historique et contemporaine, richesse dont vous êtes aujourd'hui l'heureux bénéficiaire. Anvers a en effet quelque chose à offrir à tous:

 

la ville de Rubens

le centre mondial du diamant

une ville de créateurs de mode de renom

un port international et une ville fluviale

la Capitale Culturelle de l'Europe 1993

une ville dans l'esprit bourguignon, accueillante et animée

un paradis pour les amateurs de lèche-vitrines

une ville du cinéma et des arts de la scène

une galerie d'art en plein air, avec ses monuments classés et ses points de vue

une ville pour les loisirs en famille

une métropole accueillante et multiculturelle

 

Nello et Patrasche

 

La femme de lettres franco-anglaise Marie Louise de la Ramée (1839-1908), alias Ouida, écrivit après une visite à Anvers en 1871 son livre A dog of Flanders. C'est l'histoire du jeune Nello et son fidèle chien Patrasche. Ils habitent à Hoboken, se rendent tous les jours à Anvers avec la charrette du laitier et connaissent une fin tragique à la cathédrale de Notre-Dame. Le livre arriva jusqu'au Japon et en Corée, y fut traduit et y est encore de nos jours un best-seller. Beaucoup d'enfants japonais et coréens connaissent l'émouvante histoire de Nello et Patrasche et ont découvert Anvers et Rubens par le biais de ce livre.

La statue de Nello et Patrasche est érigée dans le district Hoboken à hauteur de la boutique d'informations Infowinkel (Kapelstraat 3). Les deux personnages ont également été éternisés dans un banc devant la cathédrale Notre-Dame, sur la Handschoenmarkt.

 

Sa place dans le monde

 

Anvers est la plus grande ville de Flandre, la partie nord de la Belgique. Quelque 60% des 10 millions de Belges sont flamands. Leur langue est le néerlandais. Comme leurs concitoyens francophones et germanophones, ils ont leur propre parlement et leur propre gouvernement. La capitale de la Flandre est Bruxelles, qui est aussi la capitale de la Belgique fédérale et le cœur de l'Europe. Sur une superficie de 22.076 hectares, la cité scaldienne compte 468 717 habitants (02/2004). La ville, située au 51°13'16'' de latitude et 4°23'60'' de longitude bénéficie d'un climat modéré.

 

www.visitantwerpen.be