Igor Kourtchatov est né le 30 décembre 1902.

Sa jeunesse se passa à Simféropol, en Crimée. Le jeune Kourtchatov est entraîné dans un tourbillon d'événements d'une intensité extraordinaire : la guerre, la revolution, puis de nouveau la guerre. Il entre à l'Université Tavritcheski qui venait de s'ouvrir à Simféropol, mu par le désir d'étudier à tout prix. Il est tour à tour colleur d'affiches dispatcher dans un parking automobile, veilleur dans un cinéma, il scie du bois et garde des vergers. Mais aussitôt qu'il a une minute de libre, il se met à étudier. Le grand physicien de demain termine en trois ans des études de physique qui se font normalement en quatre et ... est déçu par la physique ! Kourtchatov se rend à Pétrograd pour apprendre le métier de constructeur de navire» entre en troisième année de la faculte de construction navale de l'Institut polytechnique.

Kourtchatov ne trouve pas immédiatement sa vocation. Il travaille successivement à l'observatoire magnéto-météorologique aux environs de Leningrad, au centre hydro-météorologique de Crimée ; puis de la mer Noire il part pour la Caspienne, à Bakou, où il va occuper la chaire de physique de l'Université Azerbaidjanaise. Il cherche longtemps et finalement il trouve l'objet de ses recherches là où il avait débuté : le voilà de nouveau à Leningrad, à l'Institut physico-technique, fondé par l'illustre savant soviétique Ioffé.

A 27 ans Kourtchatov dirige la section de physique de l'Institut physico-technique de Leningrad. Tout à coup Kourtchatov abandonne la ferro-electricite qui le passionnait. On dirait qu'il a le sentiment de ne pas trouver là l'œuvre de sa vie.

Kourtchatov vient à la recherche nucléaire en 1932. Son travail est interrompu en juin 1941 lorsque les armées d'Hitler franchissent les frontieres de l'U.R.S.S. Kourtchatov met au point le procédé de démagnétisation des navires de combat pour neutraliser les mines. Il entreprend en 1943 de domestiquer l'énergie nucléaire. Des groupes de savants, des laboratoires, des instituts sont constitués ; on construit des édifices, des usines entières. De nouveaux domaines de la science sont ouverts.

Cet homme grand, généreux, énergique et gai auquel ses amis ont donné le surnom de « barbu » (Kourtchatov s'est laissé pousser la barbe pendant la guerre et l'a conservée) mene une activité intense : conférences au gouvernement, consultations avec les maréchaux, discussions avec les ministres, travail dans les ateliers géants. Puis c'est l'effroyable calme d'une matinée de l'été 1949 déchiré a l'heure de la naissance de l'explosion atomique, qui dégage un champignon immense, brillant comme mille soleils.

Après ses victoires dans le domaine de l'énergie atomique, Kourtchatov se trouva au pied d'une autre cime inaccessible qu'il rêvait de franchir : la réaction nucléaire compensée... Il n'eut pas le temps...

Les cendres de l'académicien Kourtchatov sont scellées dans le mur du Kremlin. Ce sont les derniers honneurs rendus par la Patrie à laquelle il s'était consacré tout entier...