La famille française est sans doute un des meilleurs exemples de la façon dont se concilient en France le traditionnel et le nouveau: persistance de certains traits typiques, transformation des structures et des mœurs qui en modifient l'image et débouchent sur une pluralité des comportements et des modes de vie familiaux.

La famille française a conservé certains de ses caractères traditionnels, restant ainsi proche de ses origines. Elle constitue la cellule de la vie sociale, ainsi que le rappelle la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948: «La famille est l'élément naturel et fondamental de la Société et de l'Etat». De nos tours, quelque 80 des Français estiment qu'elle doit rester la cellule de base de la société. Les Français célèbrent d'ailleurs toujours la fête des Mères (un dimanche de mai) et la fête des Pères (un dimanche de juin). La famille est pour la plupart des gens une communauté-communauté de travail, d'intérêts, de loisir, d'affection.

On ne saurait pas toutefois généraliser ce tableau. D'abord la famille française est aussi diverse que la structure socio-économique: ses caractères varient selon les milieux les classes. Ensuite, sous l'influence des conditions de vie, elle se transforme considérablement.

Les changements démographiques font que, dans les familles, la coexistence de trois ou quatre générations est de plus en plus fréquente: de plus en plus souvent, un enfant connaît ses arrière-grands-parents, ce qui constitue une nouveauté sociologique. Pourtant, le rôle des grands-parents dans l'éducation des enfants diminue: les problèmes de logement, l'éloignement géographique, les différences de mentalité, le souci croissant d'indépendance explique cette évolution. L'apport des grands-parents représentait pourtant un des aspects les plus riches de la formation des enfants. Aucun livre, aucune émission télévisée ne pourra vraiment le remplacer.

Les changements démographiques veulent aussi que le nombre d'enfants dans les familles diminue (1,8 enfant contre 2,8 en 1965). Ayant moins d'enfants, les parents font aujourd'hui plus d'efforts pour les élever et pour communiquer avec eux. Mais, sous prétexte de vouloir les préparer très tôt à une vie d'adulte, les parents mettent leurs enfants en garde contre les difficultés qui vont se dresser devant eux: chômage, compétition implacable entre les individus, entre les entreprises, entre les pays…

Face à ce tableau apocalyptique du monde et de la société, largement confirmé par les mass médias, les enfants ont de moins en moins le temps de vivre leur jeunesse qui n'est d'ailleurs plus une période d'insouciance, mais celle de bataille pour l'avenir. Ceux qui n'ont pas assez de forces pour se battre, essaient d'éviter cette lutte, de se cacher... Un quart des moins de 18 ans ont déjà essayé une drogue; 7 de lycéens sont concernés par l'usage, régulier ou non, des stupéfiants. Le nombre de suicides a triplé chez les jeunes depuis les années 60; en dix ans, il a augmenté de 80 pour les garçons et de 20 pour les filles (comme dans le cas de la drogue, les garçons sont plus touchés que les filles).

L'inégalité d'éducation des enfants reste forte entre les catégories sociales. Les parents appartenant aux catégories aisées consacrent beaucoup plus de temps et d'argent à la culture générale de leurs enfants et à l'aide scolaire (cours particuliers, stages linguistiques, livres, contrôle des devoirs, entretiens avec les professeurs, etc.).

Les jeunes, comment apprécient-ils l'intervention de leurs parents dans leur vie? 75 des 13-18 ans pensent que la chose que leurs parents leur ont vraiment apprise est qu'il faut bien travailler pour avoir un métier, 45-qu'il faut savoir se débrouiller seul dans la vie, 40 - qu'il faut être poli, bien se tenir, 25 - qu'il faut respecter certains principes moraux comme l'honnêteté, la loyauté, etc.

 

. Petrenko "le Français")