Les Français, quels livres lisent-ils? On dit que, le plus souvent, se sont les livres achetés dans une librairie du quartier. Les deux tiers de ces livres sont des livres de poche. Les jeunes et ceux qui ont plus de 65 ans lisent surtout des «classiques», ces derniers les relisent plutôt: peut-être les lisent-ils «mieux» que du temps de leur jeunesse? Les romans sont les livres les plus lus par les gens de 40 à 50 ans; entre 50 et 65 ans on s'intéresse plutôt à l'histoire. Henri Troyat et Honoré de Balzac viennent en tête de la liste des écrivains les plus lus; assez loin derrière, on trouve Emile Zola, Victor Hugo, André Malraux. Il ne reste qu'à regretter le fait que la B.D. (la bande dessinée) est la «lecture» préférée pour 16 des lecteurs (surtout les jeunes, il est vrai): on a vendu, en 17 ans, 40 millions d'Astérix en France et dans le monde.

Si les Français lisent de plus en plus, c'est qu'ils lisent autrement qu'avant. Ils vont de plus en plus souvent dans les bibliothèques publiques, ils empruntent des livres au bibliobus qui passe dans leur village. Ce sont les bibliothèques centrales de prêt qui, grâce aux bibliobus, desservent les petites communes de plus de 75 départements: elles prêtent annuellement plus de 23 millions de volumes. Si, plus particulièrement, les Françaises lisent plus que par le passé, c'est, pour une bonne part, parce qu'il y a de plus en plus de femmes écrivains qui écrivent en leur nom. Et puis, même si cela est un peu étonnant, la télévision est finalement plus une amie du livre qu'une ennemie. Tous les, vendredis soir, par exemple, depuis plusieurs années, Bernard Pivot parle des livres à des millions de téléspectateurs. Beaucoup, le lendemain, iront chez leur libraire pour acheter les livres présentés si bien lors de l'émission; d'autres se mettront ou se remettront à lire parce qu'ils trouvent mauvaises les émissions littéraires à la télévision.

Après avoir parlé des lecteurs, parlons des éditeurs des livres français.

Le marché de l'édition a connu une rapide progression au cours des trois dernières décennies. Si le livre de luxe n'a pas perdu de son prestige, le grand développement du livre de poche, vendu à un prix modéré, permet d'atteindre de nouveaux groupes de la population: environ 90 millions d'exemplaires sont vendus chaque année. Se multiplient aussi les collections de petit format dont le rôle principal est de faire le point - sous une forme maniable et accessible à tous - des connaissances et des problèmes actuels (collection «Que sais-je?», par exemple).

L'édition française emploie environ 100 mille personnes. La production annuelle de livres, de l'ordre de 30 mille titres (quelque 370 millions d'exemplaires), est d'une très grande diversité (littérature générale, livres pour la jeunesse, livres didactiques, encyclopédies et dictionnaires, livres scientifiques et techniques...), mais moins de 50 des ouvrages sont des nouveautés et 15 sont des traductions. La France fait un grand effort pour la diffusion de ses livres à l'étranger.

Le nombre d'éditeurs est supérieur à 3500, mais le processus de concentration est très fort: onze maisons d’édition. réalisent plus du quart du chiffre d'affaires total de la branche. Parmi ces maisons d'édition, deux groupes dominent ce secteur; Hachette (Grasset, Stock, Lattes, Livre de Poche...) et le Groupe de la Cité (Presses de la Cité, Larousse, Julliard, Nathan, Bordas...). Il serait intéressant de noter que l'édition française est caractérisée par une extrême concentration géographique: les sièges sociaux de la presque totalité des grands éditeurs sont installés à Paris, et en particulier dans le 6-ème arrondissement.

La presse française compte aujourd'hui 3 mille journaux, magazines et revues. 68 des Français lisent régulièrement un magazine (au moins un numéro sur trois). Les femmes sont plus nombreuses que les hommes, du fait de l'existence de magazines féminins et de décoration. Les hommes sont plus concernés par les revues de loisirs: sport, bricolage, automobile, etc. Les habitants de la région parisienne lisent plus que les provinciaux, les bacheliers plus que les non diplômés.

 

. Petrenko "le Français")