Les jeunes Français écoutent la musique (là, leurs goûts sont différents), lisent des livres - surtout des livres d'aventures et des romans policiers, lisent des journaux (ceux de leurs parents et ceux qui sont écrits pour eux), écoutent la radio où il y a des émissions faites pour les jeunes, regardent la télé. De temps à autre, ils vont voir une exposition mais fréquentent peu les musées. Là, c'étaient les loisirs des jeunes qui n'aiment pas faire partie d'un groupe, d'un mouvement, d'une organisation. D'autres, au contraire préfèrent sortir, vivre en groupe. Ce sont alors de longues discussions au café où l'on parle de tout pendant des heures: du lycée, des parents, de l'amour, de l'avenir, du patron, enfin, si l'on travaille. 19 des jeunes de moins de 18 ans vont au café au moins une fois par jour et y restent une ou deux heures. Quelqu'un apporte une guitare, un groupe se forme autour de lui. Une flûte, un harmonica s'ajoutent et voilà tout un orchestre. Alors, on sort du café, on va dans un parc, au bord de l'eau pour chanter avec ce petit orchestre. Parfois on préfère écouter chanter les autres, alors on va a un concert de jazz, dans des boîtes de nuit... Si les jeunes Français veulent faire du sport, ils peuvent participer régulièrement aux activités d'un club. A côté des associations sportives, existent aussi des mouvements de jeunesse qui proposent aux jeunes un certain idéal, une certaine vision du monde, au moins. C'est le cas des mouvements scouts: quelque 300 mille jeunes Français font du scoutisme.

La moto est quelquefois aussi le point de départ de loisir collectif. A Paris, des centaines de garçons et de filles se réunissent tous les vendredis soir boulevard Sébastopol, à la Bastille ou place Alésia, casqués, bottés, habillés de cuir noire. Ils tournent en rond sur leurs motos, puis partent brusquement, par bande, en faisant un bruit insupportable, au nez des automobilistes qui les détestent. Avoir une moto, cela coûte cher et beaucoup l'achètent à crédit. On l'achète rarement parce qu'elle est utile mais surtout parce qu'on en est amoureux. Faire de la moto, c'est quitter plus librement la ville, c'est partir faire des voyages pour connaître des lieux et des gens nouveaux, pour se faire des amis enfin.

On ne peut pas parler des loisirs sans parler de l'argent de poche. Le nombre d'enfants qui reçoivent de l'argent de poche de leurs parents s'accroît régulièrement et les sommes augmentent aussi. Avant 10 ans, l'allocation est hebdomadaire; elle devient ensuite mensuelle. Mais il serait faux de penser que les dépenses des jeunes sont limitées à l'argent de poche dont ils disposent. S'y ajoutent les sommes reçues en cadeau et l'argent obtenu en faisant des petits travaux. Les jeunes, où peuvent-ils travailler? Les filles, le plus souvent, gardent les bébés le soir quand leurs parents sortent. Les garçons n'aiment pas faire cela, pour eux, il est plus difficile de trouver du travail. Les uns travaillent deux ou trois heures dans un garage, d'autres forment un groupe de peintres en bâtiment amateurs. Ces derniers peignent et repeignent des appartements, des meubles, des portes... Si le revenu mensuel des jeunes est en moyenne de 1200 francs, les petits travaux y apportent 830 francs, le reste venant de l'argent de poche (130 francs) et des cadeaux (240 francs). Cet argent finance les dépenses quotidiennes: café, cassettes, livres, cinéma, etc. Les achats concernant des biens d'équipements (sport, musique...), certains vêtements coûteux ou le transport sont cofinancés par les enfants et les parents.

. Petrenko "le Français")