Alstom, leader mondial de la grande vitesse ferroviaire lance son nouveau bolide : l’AGV

 

Le Groupe ferroviaire Alstom a dévoilé, le 5 février dernier, le prototype de l’AGV, son nouveau train à grande vitesse. Ce bolide au profil d’avion de chasse a été présenté par son constructeur, en présence du président de la République française, Nicolas Sarkozy, comme le train le plus rapide, le plus spacieux et le plus écologique du monde. Capable d’atteindre la vitesse de 360 km/h en service commercial, il se présente sur le marché dans une période inédite de développement pour la très grande vitesse ferroviaire. Dans ce contexte favorable, Alstom ne cache son ambition d’exporter l’AGV a grande échelle, en débordant le cadre des frontières européennes.

La nouvelle compagnie ferroviaire italienne NTV n’a même pas attendu cette présentation officielle de l’AGV (Automotrice Grande Vitesse) pour passer commande : 25 rames fermes (et 10 en option), avec un contrat de maintenance associé pour un total de 1,5 milliards d’euros. Il faut dire que ce train de nouvelle génération aligne de nombreux atouts. Conçu pour rouler plus vite que le TGV (360 km/h en service commercial contre 320 km/h au maximum pour le TGV Est), il associe, pour la première fois, une architecture articulée, qui a fait le succès du TGV et assure un meilleur niveau de sécurité, à une motorisation répartie sur toutes les voitures du train qui, comme l’explique son constructeur, accroît significativement le nombre de places à bord grâce à la suppression des motrices. Cette architecture permet une exploitation très flexible avec possibilité d’adapter la longueur des rames en fonction des besoins de l’opérateur et de réduire les coûts de maintenance. Ces avantages devraient permettrent au dernier-né d’Alstom, qui a développé ce train sur fonds propres, de conquérir de nouveaux marchés : « Nous avons compris que le marché de la très grande vitesse allait se diversifier, explique Patrick Kron, Président directeur général d’Alstom. Pour maintenir notre leadership, il nous fallait élargir et moderniser notre offre ».

La formule offerte par l’AGV semble effectivement susceptible de rallier de nouveaux clients. Sur ce marché en pleine expansion, l’Argentine, par exemple, a confirmé, en janvier dernier, un projet de réalisation de la première ligne de ce nouveau type en Amérique latine, confié à un consortium mené par Alstom. Ce programme mettra Buenos Aires à trois heures de rail de Cordoba… au lieu de 14 heures actuellement. Le Brésil, la République de Corée, le Maroc, l’Algérie, les Emirats du Golfe s’intéressent également au transport ferroviaire à grande vitesse. Quant à l’Arabie saoudite, elle vient de lancer un appel d’offre pour une liaison de ce type entre les lieux saints, La Mecque-Médine, via Jeddah…

L’Europe, qui représente actuellement 70% du marché mondial de la très grande vitesse ferroviaire, est loin d’avoir achevé son développement : 6000 kilomètres de ligne sont attendus à l’horizon 2020. La longueur du réseau devrait tripler offrant, à l’avenir, des liaisons ultra rapides inter-métropoles qui achèveront de modifier la hiérarchie des priorités et des préférences des voyageurs. Au cours des dernières années, le rail a grande vitesse a largement grignoté les faveurs du public, au détriment du transport aérien qui pâti de l’éloignement des aéroports et de la multiplication des contraintes liées aux contrôles de sécurité et à la manutention des bagages, rallongeant considérablement le coût et la durée globale du trajet. D’une manière générale, on estime désormais que sur toutes les liaisons de moins de trois heures (voire de quatre heures), le rail à grande vitesse offre la meilleure alternative de transport.

Dans ce contexte extrêmement porteur, les Français d’Alstom ont compris qu’il fallait jouer la carte de l’expertise et de l’excellence en offrant, outre la performance technique, la perfection du détail, notamment dans le domaine de l’écologie : réduction des nuisances sonores, utilisation de matériaux nobles réutilisables, capacité du train à produire et réutiliser sa propre électricité, moteurs dits à « aimants permanents » pour réduire la consommation en énergie des trains (15% de moins que la concurrence). En termes d’équivalent pétrole, l’AGV affiche une consommation par passager trois fois moindre que celle d’un bus, huit fois moindre que celle d’une automobile, et quinze fois moindre que celle d’un avion !

Sur cette base solide, le leader mondial du train à grande vitesse compte bien poursuivre son expansion. Sans, d’ailleurs, négliger le TGV qui fête cette année ses vingt-sept ans et poursuit sa carrière avec de nouvelles commandes enregistrées ces derniers mois avec le Maroc et l’Argentine. Alstom, qui a déjà essaimé plus de 650 rames de TGV sur la planète, a transporté à ce jour près d’un milliard et demi de passagers sur deux milliards de kilomètres, soit 6500 fois la distance de la terre à la Lune ! Cette longue expérience lui a permis, en raflant son premier contrat AGV avec les Italiens de NTV, de damer le pion à ses rivaux, notamment le canadien Bombardier et l’allemand Siemens. La fabrication des premiers AGV de série commandés par les Italiens débutera dans quelques mois. Livraison à partir de 2010 pour une mise en circulation prévue, en Italie, à partir de 2011.

 

Marie-Michèle Martinet