I.    Principes clés

   La finalité d’une entreprise est sa raison d’être, sa vocation, la mission qu’elle remplit. Elle est exprimée en terme général.

   Un objectif est un résultat concret à atteindre par un individu ou un groupe d’individus à une échéance donnée.

   Pour survivre, une entreprise doit être performante. La performance d’une entreprise se définit comme sa capacité durable à atteindre ses objectifs stratégiques (Lorino). Elle dépend de la capacité de l’entreprise à créer de la valeur de façon pérenne tout en maîtrisant ses coûts.

   La performance dépend de la maîtrise des facteurs clés de succès (FCS) qui correspondent aux capacités et compétences particulières que l’entreprise possède et qui sont à l’origine d’un avantage concurrentiel dans un secteur d’activité donné.

   Pour garantir la cohérence entre : la stratégie (long terme) et l’action (court terme), la finalité et les objectifs, les intérêts individuels et collectifs, le management met en place un système de pilotage dont un des outils privilégiés est le tableau de bord.

 

II.    Éléments et analyse

A.    La performance globale : combinaison de performances spécifiques

 

La performance est un critère d’évaluation subjectif. En effet, elle dépend des attentes des diverses parties prenantes de l'entreprise. Ainsi distingue-t-on différentes performances spécifiques :

 

Typologie et définitions

Acteurs

Indicateurs

Performance économique : capacité à atteindre les objectifs (efficacité) en utilisant les ressources de façon efficiente.

Managers / actionnaires

Productivité du travail, rendement matière...

Performance financière : capacité de l’entreprise à créer de la valeur pour l’actionnaire.

Actionnaires

Rentabilité financière, EVA, MVA, retour sur capitaux investis...

Performance concurrentielle : capacité de l’entreprise à créer durablement de la valeur pour les clients tout en maîtrisant ses coûts.

Marché

Parts de marché, taux de satisfaction des clients, taux de fidélisation clients...

Performance sociétale : capacité de l’entreprise à créer une valeur partenariale.

Parties prenantes primaires et secondaires

Taux d’émission de CO2, taux de rotation du personnel, taux d’accident du travail...

 

La performance globale d’une entreprise dépendra notamment de la capacité du management à arbitrer les attentes parfois contradictoires des parties prenantes et à trouver un équilibre. Elle dépendra aussi de la qualité du fonctionnement de l’entreprise. En fait, la qualité du management et le mode de fonctionnement de l’entreprise sont les deux piliers de la performance organisationnelle qui construit le potentiel de l'entreprise et qui lui permet d’être durablement performante.

La performance organisationnelle peut se mesurer par des indicateurs qui évaluent le coût de fonctionnement de l’entreprise mais aussi de ses dysfonctionnements.

La performance organisationnelle est durablement créatrice de valeur lorsque les économies de coût de fonctionnement réalisées sont redéployées sur les autres sources de création de valeurs (financière, économique, sociétale, concurrentielle).

 

B.     Le pilotage de la performance dans l’entreprise

 

Le système de pilotage doit permettre au management de garder la maîtrise de l’entreprise. Le pilotage s’articule entre le déploiement de la stratégie et le processus d’apprentissage qui permet un retour d’expérience.

Les étapes du processus de pilotage sont synthétisées ci-dessous :

      Après avoir défini la stratégie, l’entreprise est découpée en unités de pilotage qui sont des entités responsables de la mise en œuvre de l'action stratégique.

      Ces unités de pilotage peuvent être des centres de responsabilité, des activités, des processus, un groupe projet...

      Chaque unité de pilotage a une mission et des objectifs qui contribuent à l’atteinte des objectifs stratégiques.

 

Remarques

Un objectif est mesurable par des indicateurs, son périmètre doit être clairement délimité (identification des responsables et des actions à réaliser), il est réaliste (et donc acceptable) et non ambigu.

Un objectif ne doit pas être contradictoire avec la finalité de l’entreprise. C'est le rôle du management de finaliser l’entreprise puis de veiller à la cohérence entre les objectifs qui orientent l’action des acteurs et la finalité de l’entreprise.

 

      Afin d’être performante, chaque unité de pilotage doit maîtriser les FCS qui lui sont propres.

      Le degré d’atteintes d’un objectif ou le degré de maîtrise d’un FCS est mesuré par des indicateurs de résultat.

      Chaque unité de pilotage doit identifier les leviers d’action de la performance qui sont les facteurs causals de cette performance. Chaque levier d’action est mesuré par un indicateur de pilotage.

      Pour chaque indicateur, une cible à atteindre est définie. Tout au long de l’action, un contrôle sera exercé par comparaison entre les résultats atteints et les cibles prédéfinies. Le calcul d’écarts permet de mettre en œuvre des actions correctrices.

 

Ce système de pilotage de la performance s’articule donc autour d’une relation de type cause (les leviers d’action indicateurs de pilotage) à effet (les FCS maîtrisés / les objectifs atteints les indicateurs de résultat).

Pour faciliter le pilotage au niveau des unités, 011 utilise un tableau de bord.

Pour comprendre comment la performance globale se construit, le management élabore un système de tableaux de bord articulant les tableaux des différentes unités de pilotage.

Afin d’activer ces unités de pilotage, les dirigeants peuvent utiliser un style de management particulier appelé direction par objectifs (DPO) et sa variante la direction participative par objectifs (DPPO).

 

III.    Compléments

 

Au début des années 80, Norton et Kaplan ont proposé un tableau de bord équilibré orienté autour de quatre axes qui est un modèle explicatif de la performance globale de l’entreprise et qui cherche à rétablir un équilibre entre :

      les objectifs à court et à moyen/long terme ;

      les indicateurs financiers et non-financiers ;

      les indicateurs de mesure de la performance passée et les indicateurs «prospectifs»;

      la perception externe et la performance réalisée interne.

 

La démarche générale de construction d'un tableau de bord est la suivante :

 

STRATÉGIE

Mission et objectifs de l'unité de pilotage

Identification des facteurs clés de succès

Définition des indicateurs de pilotage

Détermination des objectifs à atteindre par indicateur

Mise en forme du tableau de bord

 

Application

 

Énoncé

 

La société Cartonplus est une PME qui fabrique des cartons destinés à l’emballage de produits alimentaires. Ces dernières années, l’intensité concurrentielle s’est fortement accrue dans ce secteur d’activité. Le processus « production », organisé en flux tendus, comporte deux activités : approvisionnement et fabrication. Suite à un ordre de fabrication transmis par l’activité fabrication, l’activité approvisionnement doit acheter le papier demandé sous un délai de 4 jours. Si un fournisseur fait défaut, il est possible de recourir à une procédure d’approvisionnement en urgence qui génère un surcoût significatif. Une mauvaise lecture de l’ordre de fabrication par l’approvisionnement oblige à recommencer la procédure d’approvisionnement et rend difficile le respect des délais. Les délais de rotation des stocks de papier sont en moyenne de 20 jours dans le secteur.

Identifier la mission de l’activité approvisionnement puis élaborer son tableau de bord.

 

Solution

 

Mission : assurer la disponibilité des matières nécessaires à la réalisation de chacune des commandes dans des délais très courts sous contrainte de maîtrise des coûts d’approvisionnement et de stockage.

 

Facteurs clés de succès

Indicateurs

Objectifs

Respect des délais

   Délai moyen d’approvisionnement du centre fabrication.

   Taux de dépassement des délais.

4 jours Proche de 0.

Bonne gestion des stocks

   Délai moyen d’écoulement des stocks de papier.

               Taux de rupture de stock.

20 jours. Proche de 0.

Respect du niveau de qualité attendu par l'activité fabrication

   Taux de satisfaction de l'activité fabrication.

Proche de 100 %

Maîtrise des coûts d’approvisionnement

   Taux de recours à la procédure d’approvisionnement d'urgence.

   Surcoût en ˆ lié recours à la procédure d’approvisionnement d'urgence.

Proche de 0. À minimiser.