AIX EN PROVENCE : DE LA FONDATION A LA FIN DE L'ANTIQUITE

 

Après le siège, la prise et la destruction de la ville celto-ligure qui occupait le plateau d'Entremont, le proconsul romain, Caïus Sextius Calvinus fonde, en 122 av. JC., "Aquae Sextiae Salluviorum". Le nom de baptême de la cité fait référence aux eaux chaudes et froides abondantes dans la plaine qui accueille officiellement les premiers Romains de Gaule. Après la victoire de Marius contre les Teutons en 102 av. JC, Aix se développe. 

Vers 15 av. JC., la cité, élevée au rang de colonie, connaît un essor urbain et thermal considérable et s'orne de monuments d'apparat, à l'instar d'Arles ou de Nîmes : enceinte fortifiée avec portes monumentales, théâtre, amphithéâtre, thermes, basilique, temples, forum et somptueuses "villae" (jardin de Grassi) dessinent le profil de la ville traversée par la voie aurélienne. Promue, capitale civile de la Narbonaise Seconde, au IV ème siècle, puis Métropole (archevêché) d'une province ecclésiastique, la ville est assiégée par les Wisigoths, puis les Lombards qui, en 574, lui portent un coup fatal. Les grands monuments sont détruits ou servent de carrière. Quelques colonnes rescapées ornent les principales fontaines de la ville (Fontaine de l'Hôtel de Ville, Fontaine Bellegarde, Fontaine Saint-Louis, Fontaine des Augustins) ou sont réemployées dans la construction de nouveaux édifices. Ainsi, dans la cathédrale Saint-Sauveur, le baptistère paléochrétien, réutilise les colonnes romaines du forum voisin, réduit à l'état de ruines.

 

AIX EN PROVENCE : LE MOYEN AGE

 

Les Sarrasins sont les derniers "envahisseurs" de Provence. Après leur défaite en 960, la sécurité enfin rétablie, grâce au comte de Provence, Guillaume II dit le Libérateur, Aix connaît une première Renaissance. Autour de la Cathédrale, de sa nef préromane et de son premier cloître se développe le Bourg Saint-Sauveur.

A partir de 1182, les comtes de Provence de la Maison de Barcelone choisissent Aix comme capitaleet construisent leur palais comtal autour de la porte fortifiée qui s'élevait jadis au sud-est de la ville romaine. Un nouveau cloître et une nef romane pour la cathédrale, des remparts pour protéger les trois quartiers de la ville : le bourg Saint-Sauveur, la ville comtale et la ville "des Tours" qui se développe extra-muros autour de Notre-Dame de la Seds.

Entre 1138 et 1192, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem installent leur couvent à l'extérieur de la ville, sur le chemin d'Italie. C'est là que les derniers comtes souverains de la maison de Barcelone, Alphonse II et Raymond-Bérenger V élisent sépulture. Devenue trop petite, la chapelle est reconstruite conformément au souhait de Béatrice, comtesse de Provence, fille de Raymond Bérenger-V et épouse de Charles I d'Anjou. Ainsi, le premier édifice gothique aixois est-il construit sous le règne du premier comte angevin de Provence, frère du roi de France, Saint Louis.

Au XIV ème siècle, Aix connaît un nouveau déclin avec la guerre de Cent Ans, la peste noire (1348) et les guerres de succession de la Reine Jeanne. La Tourreluque encore debout dans le jardin des Thermes a participé à la défense active de la capitale provençale. La ville des Tours, abandonnée, ne résistera pas à ses assiégeants. C'est dans ce contexte que s'installe la deuxième dynastie angevine en Provence. Louis I d'Anjou, frère du roi de France, Charles V, puis sa veuve, Marie de Blois affirment leur autorité et restaurent le calme dans la cité.

 

AIX EN PROVENCE : DE LA RENAISSANCE A LA REVOLUTION

 

Puis vient le règne de René. Le dernier comte de Provence, protecteur des Arts séjourne régulièrement dans sa capitale provençale. Il embellit le château comtal, achève la construction de la cathédrale, projette le premier grand chantier d'urbanisme de la ville. Aix devient à l'instar d'Avignon un important foyer de création artistique où travaillent le sculpteur Jean Guiramand (portes de la Cathédrale Saint-Sauveur) et le peintre Nicolas Froment (Triptyque du Buisson Ardent, dans la Cathédrale Saint-Sauveur).

En 1481, après le court règne de Charles III du Maine, la Provence devient française. Créé en 1501 par Louis XII, le Parlement de Provence, cour souveraine de justice, entend défendre les privilèges provençaux face à la politique centralisatrice des rois de France.

Le XVIème siècle est profondément marqué par les guerres impériales (1524-1529-1536), les guerres de Religion (1545 - Edit de Mérindol) et les guerres de la Ligue. En 1593, Aix, ayant choisi la parti des Ligueurs, est assiégée par le Duc d'Epernon. Ville rebelle, opposée à la politique menée par Richelieu puis par Mazarin, Aix deviendra ville courtisane avec l'arrivée du nouveau gouverneur de Provence, Louis de Mercoeur, duc de Vendôme (1653) et suite aux séjours de Louis XIII (1622) et de Louis XIV (1660) en ses murs.

Le XVII ème siècle marque l'apogée de la capitale provençale, siège des gouverneurs. La ville s'agrandit avec la création de nouveaux quartiers: Villeneuve (1583), Villeverte (1605), Mazarin (1646) et s'embellit avec la construction d'édifices religieux (Nef baroque de la Cathédrale Saint-Sauveur, Jésuites, Visitandines, Ursulines), d'une "folie" (Pavillon de Vendôme), d'hôtels particuliers (Hôtel de Forbin, Hôtel de Boisgelin, Hôtel Boyer d'Eguilles, Estienne de Saint Jean -aujourd'hui "musée du Vieil Aix"-, Grimaldi-Regusse, Hôtel Maurel de Pontevès) ou de monuments publics (Halle aux Grains, Hôtel de Ville). Entre la vieille ville et le nouveau quartier Mazarin , le cours à carrosses, aménagé entre 1649 et 1651 s'impose comme la vitrine de l'élégance aixoise. Les fontaines dressées sur chaque place deviennent des éléments de décor urbain. Ornée de quatre dauphins et coiffée d'un obélisque, celle qui "chante" au coeur du quartier Mazarin est le symbole de l'art de vivre aixois.

Le XVIII ème siècle continue l'oeuvre d'embellissement de la ville, qualifiée de "petit Versailles". On construit les derniers hôtels particuliers du cours; ceux du quartier Mazarin et de la vieille ville sont remis au goût du jour (Hôtel de Caumont, hôtel d'Albertas, hôtel Villeneuve d'Ansouis). Aux lignes droites du Baroque, les architectes préfèrent les courbes, symboles de grâce et de féminité. La place d'Albertas ouverte face à l'hôtel particulier du marquis, président de la cour des Comptes, en est la parfaite illustration.

Cependant, cette harmonie est remise en question: en 1748 un limonadier propose d'ouvrir un café sur le cours. Les nobles protestent: on veut défigurer leur promenade; le conseil de ville tranche: "sur le cours des cafés seuls pourront y être établis et nulle autre boutique d'artisans". On abandonne également les anciens symboles monarchiques. Il faudra dix ans pour démolir le palais des comtes de Provence, sous prétexte de vétusté.  En 1786, l'architecte Ledoux projette sur son emplacement la construction du nouveau palais de Justice. La Révolution arrêtera le chantier...

 

2 SIECLES DE MUTATION JUSQU'A NOS JOURS

 

Mirabeau exclu par la noblesse est élu comme candidat du tiers état aux Etats Généraux de 1789. Avec l'abolition des privilèges, Aix perd son rôle de capitale régionale et devient, en 1800, sous-préfecture du département des Bouches-du-Rhône. La "belle" sombrera dans un sommeil à peine dérangé par l'édification de la fontaine du roi René, en haut du cours (1823) et de la fontaine de la Rotonde, en bas du cours (1860) et par l'achèvement du palais de Justice (1831).

Si Aix passe à côté de la révolution industrielle, elle affirme cependant son rôle culturel et universitaire avec l'installation des facultés de droit (1806) et de lettres (1846), des écoles normales de garçons et de filles et de l'école nationale des arts et métiers (1843) et autres instituts qui regroupent aujourd'hui près de 40.000 étudiants.

Elle voit naître en 1839 un de ses plus illustres enfants, le peintre Paul Cézanne. Elle adopte en son sein le jeune Emile Zola qui puisera dans ses souvenirs aixois le décor de Plassans, berceau des Rougon-Macquart.

Le XX ème siècle est marqué par une forte croissance démographique : 54.000 habitants en 1954, près de 135.000 en 1999, qui va de pair avec la création de nouveaux quartiers : ZUP d'Encagnane, ZAC du Jas de Bouffan et la mise en chantier du plus grand projet d'urbanisme aixois de ce siècle : Sextius-Mirabeau. Avec l'installation de la cour d'appel dans une architecture de métal et de verre en plein coeur de l'ancienne prison, l'ex-ville parlementaire confirme sa vocation de pôle juridique. Pour fêter le jubilé de son festival d'art lyrique, Aix offre aux mélomanes du monde entier, le cadre prestigieux, entièrement rénové, du palais baroque de ses archevêques.Elle participe aussi activement à la mise en valeur des sites cézanniens.

Capitale culturelle, Aix l'est incontestablement. La Cité du Livre, l'Oustau de Prouvenço, le Ballet Preljocaj, le théâtre du Jeu de Paume, nouvellement restauré, en sont les principaux fleurons. Enfin, à l'orée du troisième millénaire, la "belle réveillée " prouve son talent de surdouée en étant une des premières villes de France en matière de croissance économique.

 

www.aixenprovencetourism.com