Aujourd'hui, la ville de Bordeaux est systématiquement associée à .ses vignobles prestigieux mais à l'origine, la cité bénéficiait d'une existence prospère alors que la vigne n'était pas encore exploitée. Bordeaux jouissait simplement de l'excellent emplacement qu'un peuple avait choisi pour se fixer.

Les premiers témoignages d'habitation de cette contrée datent de l'âge du bronze mais les preuves de l'existence même de Burdigala «le port de la lune» ne remontent qu'au IIP siècle avant J.-C.

Des groupes celtiques avaient choisi le lieu pour les commodités qu'offrait son emplacement: reliée calmement à la mer l'estuaire de la Gironde, la ville s'est développée sur la grande courbe que décrit la Garonne.

Au IIe siècle avant J.-C., une tribu gauloise, les Bituriges Vivisques, mène dans la région une existence essentiellement agricole mais l'arrivée des Romains va considérablement développer Burdigala: les navires grecs, romains et orientaux y font escale avec leurs innombrables marchandises. Le port est le point de convergence des chaussées d'Aquitaine, d'Ibérie et de Gascogne.

La cité devient rapidement le chef-lieu d'Aquitaine (le pays des eaux) et le régime impérial romain entreprend la construction de très nombreux monuments, .dont le célèbre palais Gallien au IIP siècle après J.-C.

Jusqu'au milieu du XIIe siècle, l'Aquitaine reste un duché relativement prospère et tranquille mais, en 1152, une simple mésentente conjugale va faire basculer son destin: Louis VII divorce de l'héritière du duché d'Aquitaine, la belle Aliéner, qui se remarie aussitôt avec Henri II Plantagenêt.  Les possessions d'Aliéner et de Henri II deviennent aussi importantes que celles du roi de France.

La guerre entre l'Angleterre et la France vient de commencer et Bordeaux restera anglaise jusqu'en 1453. Mais l'économie bordelaise n'aura qu'à se louer de l'occupation anglaise.

L'Angleterre achète aussi les productions agricoles de la région, essentiellement le blé et les fruits.

La puissance économique de Bordeaux avait également attiré un autre peuple dû nord: les Flamands. Pour tenter de limiter la puissance de l'Angleterre, des négociants de Bruges s'étaient installés dans des abandonnés aux marécages qui deviendront les célèbres quais des Chartrons.

La fin de la guerre de Cent Ans qui met un terme à la prédominance anglaise entraîne un marasme économique pour l'Aquitaine qui vient de perdre son principal client. Bordeaux devra attendre le XVIIIe siècle pour connaître à nouveau la prospérité économique.

C'est de cette époque que date la construction du Bordeaux moderne, tant sur le plan architectural que sur celui de la gestion de la cité. D'excellents intendants comme Boucher, Dupré de Saint-Maur ou le marquis de Tourny, décident d'ériger Bordeaux en «ville-phare». La place de la Bourse due aux architectes Gabriel père et fils, la place du Parlement, le Grand Théâtre de Victor Louis voient ainsi le jour, aménageant des perspectives claires parmi l'ancien dédale des rues bordelaises. Bordeaux devient le premier port du royaume.

Comme toutes les villes portuaires, Bordeaux ne fera pas bonne figure à Napoléon, car le blocus continental est pour elle une catastrophe économique, mais dès la Restauration, les négociants bordelais retrouvent leur prospérité d'antan. Et, aujourd'hui, la formidable exploitation des vins bordelais laisse présager un avenir des plus heureux pour la région.

Le Bordelais produit aussi bien des vins blancs   que des vins rouges et leur qualité souvent  exceptionnelle  transforme  chaque bouteille de certains vins en pièce de collection et leur cours, côté dans le monde entier, atteint parfois des niveaux exorbitants.

Des  grands  crus  classés  ont  atteint aujourd'hui le rang d'oeuvre d'art (ne serait-ce que par les étiquettes signées Chagall, Cocteau, Léonor Fini, ...).

Les «vedettes» incontestables du Bordelais sont les célèbres «châteaux» et le Saint-Emilion.

C'est au nord de Bordeaux que s'abritent les vignobles de Château-Margaux, Château-Lafite, Château-Latour et Château-Mouton. Ces vins du Haut-Médoc mûrissent entre l'Atlantique et l'estuaire de la Gironde tandis que l'autre cru célèbre, le Saint-Emilion, étend ses vignobles à l'est de Bordeaux, là où la Dordogne rejoint la Gironde.

A la pointe sud de la région viticole, c'est le domaine de Sauternes, très limité dans l'espace mais l'excellence de ses vins blancs l'a également porté à une renommée internatio-nale.

L'activité économique de Bordeaux ne réside pas uniquement dans cette activité deux fois millénaire, Bordeaux exploite également les ressources des forêts des Landes et de la Dordogne: c'est la capitale du bois.

Les activités du port (raffineries, chimie, conserverie, commerce...) interviennent également dans les raisons de la prospérité bordelaise.

Au centre la ville, le quartier Mériadeck, superbe  réalisation  architecturale  contemporaine, prouve avec quelle aisance Bordeaux se tourne vers l'avenir. François Mauriac décrirait sans doute aujourd'hui des personnages moins sombres.

 

T. Téténkina «Découvrir la France”